Illustration J.P. Blanpain
fermé du mercredi 18 mars au samedi 21 mars
fermé le dimanche
19 grande rue 26390 Hauterives
Courriel: le.bazart.des.mots@orange.fr
Horaires : du mardi au vendredi de 9h à 12h et de 14h30 à 19h samedi de 9h à 12h et de 15h à 19 h
fermeture hebdomadaire: dimanche et lundi
Sur 150 m2 au rez-de-chaussée Librairie
Sur 150 m2 au 1er étage
sur 150 m2 au 2e étage expo permanente d'Art Singulier
Alexandra Arod,Maria de Campos, Fernand Gréco, Brigitte Nême, Arnaud Savoye,Gabriel Kemzo Malou, Nicolas Laurent,Thierry Lambert et sa collection privée
Nouveau : les sculptures de André Serrano
Samedi 4 avril à 11H 0 18h
Eugéne Ebodé "souveraine magnifique" chez Gallimard (http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Continents-Noirs/Souveraine-Magnifique)
Jean yves Loude :"le port" chez vents d'ailleurs (http://www.loude-lievre.org/site/)
17eme Festival couleur d'afrique salle polyvalente st Hilaire de la côte ( 38) proche de la côte st andré
Samedi 11 avril à 19h
Conférence : "L'art et la marchandise" entrée libre
Armelle Brahy-Vigato(philoqophe) et Jean-Claude Vigato(Architecte)
"l'architecture régionaliste -France 1890,1950" ed.Norma
Samedi 25 avril à 20h30
Poésie et Blues ( au chapeau)
Livre : "Le blues dans tous mes états " de ZU aux éditions Le Pédalo ivre
Une Histoire Blues
Un road "movie" sonore, actuel, local… polar ?
Avec ZU
Au travers de cette "Histoire Blues", ZU resitue en français le blues dans un contexte actuel et local.
Un spectacle original dans sa forme : 13 tableaux sonores (voix off et bruitages) sont pilotés sur sampler en direct.
Entre chaque tableau, ZU interprète en solo ses propres blues en français, sur deux guitares acoustiques.
Un road "movie" sonore d'une heure, polar sur les bords, une foutue gadoue, eaux troubles, muddy waters... et surtout ces fameux démons bleus qui traînent !Humour noir, bonne et mauvaise humeurs, dépaysement, rythmes et atmosphères sont au programme de ce spectacle insolite, un rien vindicatif…
Un spectacle d'1h suivi de quelques standards goûteux, français ou US, de Robert Johnson à Slim Harpo, de Bill Deraime à Benoît Blue Boy...
Samedi 6 juin à 20h30
Fredérick Houdaer ( lecture poétique)
no parking no business chez Gros texte (http://houdaer.hautetfort.com/)
Chapelle st Roch de Crépol dans le cadre du festival "L'art et la matiére"
http://lartetlamatiere.pagesperso-orange.fr/accueil.html
Prix découverte premier roman 2013 du Baz'Art des Mots
Romans
1/ le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent au Diable Vauvert
2/ Le jeune homme qui voulait ralentir la vie de Max Genéve aux E ditions Serge Safran
3/ La vérité sur l'affaire Harry Québert de Joel Dicker au éditions Falois
4/ La faiseuse d'ange de Camilla Lackberg aux éditions Actes Sud
5/ La briscola a cinq de Marco Malvaldi aux éditions 10x18
6/ Dieu me déteste de Hollis seamon : éditions la belle colère
7/ Le grand coeur de Christophe Rufin : éditions Folio
8/ Réparer les vivants de Maylis de Kérangal : éditions Verticale
9/ La scierie auteur anonyme aux éditions héros limités
10/ En finir avec Eddy Bellegueule d'édouard Louis aux Seuil
Les albums de Dario Muci sont disponibles au Baz'art des Mots ou par correspondance
Chéque à l'ordre du Baz'Art des Mots envoyé au 19 grande rue 26390 Hauterives
"rutuli"
18 €
ed. lupo editore 2013
Les Ucci(groupe historique de musique traditionelle du Salento),leurs voix de terre du bel canto,
le style musical des barbiers ( genre musical né dans les salon des barbiers) du Salento et le repertoire de la musique d’epoque, sont les principaux qui nous ont inspirè la rèalisation de
ce travail.
"Sulu"
ed. anima mundi, kurumuni 2011
Dario Muci se fait troubadour, et utilise la voix et le chant, instrument de socialisation reconnu dans la tradition orale du Salento, pour raconter les scénarios que connaît le sud actuel, les migrants, le racisme et l’intolérance, le poids des politiques injustes dans la répartition des richesses et des ressources. D’une voix douce, en colère ou ironique, Muci raconte des histoires sans nostalgie, sans regret, loin des lieux communs du folklore, et dédie son chant à tous ceux qui sont partis, poussés par la faim ou les rêves perdus.
2008 "Salentorkestra – Centueuna"
ed. anima mundi 2008
La tradition du Salento, lieu de départ auquel on peut ajouter toute une série de greffes et croisements de la culture musicale et instrumentale de sa propre terre avec toutes les autres donnant sur notre Mare Nostrum. Centueuna, premier travail discographique du groupe, propose des compositions musicales et des musiques traditionnelles du Salento dans un contexte plus élargi de culture musicale méditerranéenne.
2007 "Mandatari"
ed. anima mundi 2007
Jusqu’à il n’y a pas longtemps, dans les rues du Salento, on pouvait entendre des sérénades d’amour. Quand on chantait une sérénade, il fallait que les sons et les chants plaisent, non seulement à la belle à sa fenêtre, mais aussi à toute la maisonnée, tout le voisinage. S’il y avait quelque danger pour le soupirant, des parents qui n’étaient pas d’accord ou quelque autre prétendant en embuscade, on avait costume de passer commande à des “mandatari”, des mandataires, pour porter la sérénade. D’où le titre du disque.
L’ANTHOLOGIE DE LA POÉSIE AMÉRINDIENNE
127 auteurs contemporains des Etats-Unis et du Canada
choisis, traduits et présentés par Manuel Van Thienen
Après l’incroyable génocide des conquêtes occidentales et cinq siècles de colonisation, et même s’ils sont toujours perçus comme des étrangers sur leur propre terre et continuent à souffrir de discrimination raciale, les Amérindiens n’ont pas disparu. Bien que l’héritage de leur poésie orale reste toujours très vivant aujourd’hui, ils comptent nombre d’écrivains qui, pour la plupart, s’expriment en anglais. Cette anthologie, fruit du fervent travail entrepris depuis de longues années par Manuel Van Thienen, n’est donc pas un document ethnologique : elle permet de faire connaître les voix singulières de poètes contemporains des peuples autochtones du continent de la Tortue (Etats-Unis et Canada).
« les mots nous reviennent
et le rêve est de retour
nous contant l’histoire
d’un aigle élevé
parmi les poulets
et qui ne veut plus jamais
gratter la boue
depuis qu’il a vu le ciel. »
Jo Bruchac
& Inauguration de l’exposition
NORA HERMAN et MANUEL VAN THIENEN
(du 8 novembre au 5 décembre)
Nora Herman, qui illustre cette anthologie (constituant le n°42 de la revue Bacchanales), est née en 1958 à Buenos Aires. Elle vit et travaille à Paris depuis 1982. Formée à Buenos Aires, Madrid, Burgos, New York et Paris, elle a exposé à Madrid, Barcelone, La Haye, Paris, Marseille, Vence, Deauville… S’attachant à restituer l’énergie du végétal, de la germination, de l’eau et de l’air, son travail conjugue la peinture, la sculpture et la gravure.
Manuel Van Thienen présente « Naissance du langage », installation autour d’un texte de Jean Monod
« Le QI GONG ET les 5 ÉLÉMENTS / VOYAGE VERS LA FÉMINITÉ »
Hélène Cociovitch
La particularité de ce voyage est sa destination : l’intérieur de nous-mêmes, l’intime, le moins visible, le plus profond.
C’est à une exploration sensible de notre essence et à une libération de ces parfums subtils qu’il nous invite.
Pour cela sont proposés différents « bagages », certains répondant à une technique précise issue du Qi Gong- Art corporel, gymnastique faisant partie de la médecine chinoise alliant mouvement, respiration et concentration- et d’autres faisant appel à notre créativité personnelle.
Dans les « premiers bagages » sont exposés trois enchaînements pour la femme dont un qui est également pour la femme enceinte, afin d’énergétiser et de purifier tout le corps et plus particulièrement le foie, la rate, les reins et faciliter l’ouverture du cœur (région principale du corps féminin dans la conception taoïste) ; pour harmoniser les fonctions gynécologiques à toutes les étapes de la vie et réguler les flux émotionnels.
Est également présentée la « Méditation à la lune », alchimie transformant la lune en feu puis en vapeur pour nourrir tous les centres énergétiques de notre corps et faciliter la mise en relation avec notre essence féminine.
Dans les « deuxièmes bagages », le concept « Au sein des femmes », invite à une ballade libre et créative dans les 5 éléments de la philosophie taoïste.
Pour nous aider, chaque élément a été mis en relation avec une saison, une couleur, une étape de la vie ( sève de femme, femme apogée, femme accomplie, femme du passage, sagesse), les qualités féminines les plus sollicitées à chaque étape et les tendances de mouvements correspondant à l’ énergie mobilisée à ce moment de notre vie.
Explorer toutes ces étapes, c’est les rendre vivantes en soi et disponibles à chaque instant pour créer l’alchimie du présent. Revivre en pleine conscience des étapes passées, peut favoriser aussi la dilution des blocages inscrits durant cette période. Vivre en pleine conscience des étapes futures peut favoriser le passage de ces moments de façon optimale.
Oser, oser créer…seule, avec d’autres femmes, avec d’autres hommes…
Le corps a gardé inscrit sur son parchemin, les traces de notre vécu coloré d’émotions. Par un travail corporel doux, accompagné d’une respiration calme et d’une concentration intense, on lime les « rudesses formées » et on libère ainsi les énergies restées prisonnières.
Parfois l’expulsion est courte et rapide, parfois longue et lente, mais si l’enseignement vient du chemin, cela prend sens et toute l’énergie usée et évacuée est le signe d’une purification du corps, de ses organes et des émotions qui en sont rattachées. Les tentions se dénouent et une sensation de douceur et d’apaisement général trouve son espace et sa qualité. Une vulnérabilité se développe, reflet d’une véritable force acquise, véritable car sans peur et sans vouloir.
Le corps ondule au delà de ses limites, fluide, sans rien attendre et tout accueillir. On se laisse couler sensuellement dans le non-agir, la coquinerie, la grâce, la sérénité, la souplesse, en laissant fleurir notre ressource unique : notre féminité.
En tant qu’« accompagnatrice», je propose également quelques idées à partager…pour bercer l’esprit et réchauffer le coeur…
Vous partez ?……je vous souhaite un profond, souriant et lumineux voyage !
Ce n'est pas tout à fait une biographie, car je ne donne pas la même place à toutes les parties de la vie de Céline : ainsi, je passe rapidement sur l'enfance que j'estime sans grande originalité, alors que je m'attarde très longuement sur les rapports extraordinairement compliqués que Louis Destouches a eu avec les femmes. On y trouve aussi une certaine vision des relations entre Sartre et Céline qui contraste avec celle véhiculée par les biographies de Sartre (je pense notamment au livre de Cohen-Solal). Mais, l'originalité la plus évidente du livre est d'être une biographie à rebours : je commence par la mort de Céline pour terminer par sa naissance à Courbevoie. Il était amusant de voir si l'on pouvait parler de certains évènements comme l'exil au Danemark, sans avoir porté à la connaissance du lecteur les causes de cet exil, à savoir la collaboration de Céline pendant l'occupation. Cela supposait aussi quelques problèmes techniques d'écriture amusants à résoudre.
Vous citez abondamment les pamphlets de Céline dans votre ouvrage, ce qui est une nouveauté. On fait le plus souvent référence à Bagatelles pour un massacre (1937), mais il y a aussi L'Ecole des cadavres (1938), et Les beaux draps (1941). Y a t-il dans ces trois textes une production homogène d'écriture ou y a t-il des distinctions importantes à faire entre les trois pamphlets ?C'est à mon sens, son plus mauvais livre. Ce n'est qu'une longue éructation, la redite, en pire, de Bagatelles. Bagatelles a marché, donc, il faut en faire un deuxième, Denoël son éditeur insiste pour profiter de la dynamique du succès. L'ouvrage est écrit en trois mois, alors que Céline a besoin de beaucoup de temps pour rédiger ses livres. La plupart du temps, il se contente de copier et de coller des textes antisémites piochés dans les revues de l'époque.
C'est son seul livre vraiment politique. La France s'est effondrée en 1940, la catastrophe est telle que le pays n'a jamais été aussi bas, mais il est désormais possible, sur ce champ de ruines, de reconstruire sur des bases saines et nouvelles. Les Beaux-Draps se présente comme un manifeste politique, analyse d'une situation, et propositions pour en sortir au mieux. Céline dit ce qu'il faudrait faire dans le domaine de l'éducation, de la petite propriété privée pour tous les français, ce qu'il appelle " Le communisme Labiche ", de l'organisation du travail, des salaires.
Une anecdote amusante : il propose les 35 heures comme la durée maximum d'une semaine de travail ! Récemment, dans un article du Figaro, Jean des Cars s'en prenait à Martine Aubry, lui disant qu'elle devrait reconnaître avoir volé l'idée des 35 heures à Céline, et l'avoir trouvé dans un pamphlet antisémite publié en 1941.
Oui c'est le même Céline. Lorsqu'il écrit Voyage, Céline n'est plus un jeune homme, il a 38 ans. Les expériences les plus importantes de sa vie sont derrière lui. Ford, la SDN, son activité de médecin etc. A ce moment, il a déjà connu et l'amour et la rupture, et pour lui la trahison, avec Élisabeth Craig. L'homme est formé : il a reçu et repris les idées réactionnaires de son père. Mais au moment de la publication de Voyage on a cru qu'il était un homme de gauche, la parution de Bagatelles le révèle sous son vrai jour.
Ce qui fait la violence et le scandale de ce premier pamphlet, ce qui étonne ses contemporains, n'est pas l'antisémitisme. Ces idées sont courantes, banales, à l'époque. Etre antisémite n'est pas grave dans le contexte de l'avant-guerre. Ce qui donne la mesure du pamphlet c'est l'écho, la résonance que par son style Céline donne à ce qu'il dit. En un mot, que quelque chose d'aussi vulgaire qu'un pamphlet antisémite soit écrit par un auteur immense. Et ce scandale perdure aujourd'hui.
Il y a un homogénéité des pamphlets dont le postulat de base est simple : tout est de la faute des Juifs qui sont le mal incarné, et, accessoirement, Céline excepté, tout le monde est Juif ou enjuivé, jusqu'aux rois de France qui ont des nez bien crochus. S'y ajoute l'écriture si particulière de Céline immédiatement reconnaissable. La conjoncture joue aussi : en 1938 la guerre étant quasi certaine, Céline a voulu faire oeuvre de pacifiste, empêcher le conflit dont il pensait qu'il serait une catastrophe pour le pays. Par la suite, il a voulu expliquer son antisémitisme par la conjoncture, ce qui inverse l'ordre des choses. Sa thèse sera : je m'en suis pris aux Juifs non par antisémitisme, mais parce qu'ils voulaient régler leurs comptes avec leur ennemi Hitler, en poussant la France dans une guerre pour laquelle elle n'était pas prête.
Le style même de Céline empêche de penser. Il le dit lui même, il cherche l'émotion et non la raison, son écriture veut toucher le nerf, aller jusqu'au cerveau reptilien. Elle est une sorte de déchaînement. Jean-Louis Bory la compare à l'éruption d'un volcan, force, beauté et destruction. Mais, Céline ne calcule pas, il se laisse emporter par ses coulées de lave, il n'y a pas de volonté consciente dans ses procédés.
En 1947, Céline est en exil au Danemark, il risque d'être extradé en France. Il a été effectivement accusé d'avoir dénoncé des Juifs par les communistes alors très puissants, ce qui peut lui valoir le poteau. Il doit absolument minimiser les conséquences de son antisémitisme, il prétend donc être victime d'un complot, d'une provocation policière. Il ira même jusqu'à écrire dans une autre lettre que ce sont les Juifs qui ont fait le travail de la Gestapo et qu'ils sont responsables de la déportation de leurs coreligionnaires…
Je crois que c'est une haine générale de misanthrope. Le monde entier est juif, le Pape inclus, les " vrais " antisémites de l'époque lui reprochaient ce manque de sérieux et de discernement. Céline est un hypersensible, un amoureux déçu par l'Humanité. C'est aussi un réactionnaire qui a peur de la modernité et de l'évolution du monde, qui mythifie le passé. Il a aussi été élevé à une époque et dans un milieu où l'antisémitisme allait de soit. Il ne faut pas oublier qu'il est né en 1894, année ou éclate l'Affaire Dreyfus.
Il y a chez Céline à la fois une détestation et une fascination pour les juifs. Son idée est tout de même qu'ils sont très intelligents, très forts, qu'ils se débrouillent mieux que les aryens ce qui les rend particulièrement dangereux pour les sociétés où ils évoluent. De plus, Céline les considère comme inassimilables, ils resteront toujours des éléments étranges et corrupteurs.
C'est vrai. Mais il devine très tôt que les choses vont mal tourner. Dès 1941, il sait que son camp a perdu. Par prudence, il refuse de travailler pour des journaux malgré de nombreuses sollicitations, et ne se fait jamais payer lorsque des textes de lui paraissent. Sa façon de faire est la suivante : il envoie des lettres à des journalistes en leur précisant s'ils peuvent ou non publier (à condition de ne pas changer une ligne au texte, si on triture ses écrits, il envoie l'huissier). Techniquement, il pourra par la suite prétendre que d'autres ont publié, en son nom, des lettres qui auraient dû rester privées, qu'il a écrit non pas dans, mais pour des journaux collaborationnistes, la nuance est capitale
Pour ce qui est des dénonciations, il faut rappeler qu'à partir de 1940, dénoncer est considéré comme un devoir civique (cf. le livre et le film de Halimi : La délation sous l'Occupation). Céline, lui aussi, dénonce un certain nombre de personnes. Mais, curieusement, ces gens qu'il désigne comme juifs ne le sont pas, ils ne risquent donc pas grand chose, ce qui ne retire rien à la gravité de l'acte et au fait que Céline se soit abaissé à cette ignominie.
Lorsqu'il s'agit d'abstractions, ou quand il généralise Céline peut être d'une violence extraordinaire, il faut ajouter que son style se nourrit d'exagération. Mais lorsqu'il est confronté à des cas particuliers, il perd sa virulence et agit tout autrement. En plus du témoignage de la jeune femme que vous citez, je raconte dans mon livre qu'Éliane Bonabel, qui été une amie très proche de Céline pendant et après la guerre, fréquentait un jeune juif qui portait l'étoile jaune, Céline n'a jamais fait la moindre remarque à son propos. On sait aussi que des résistants se réunissaient dans l'immeuble de Céline, qui, n'ignorant rien de leurs activités, ne les a pas dénoncé.
L'homme est complexe. Son antisémite était réel, il détestait les juifs, mais ses médecins ont toujours été des juifs (les Dr Gozlan et Brami). Je crois que l'homme privé était compatissant, bon par certains côtés.
Je n'aime pas :
- son ingratitude permanente
- sa manière d'instrumentaliser ses amis. A de très rares exceptions, comme celle de Marcel Aymé, il joue la comédie en amitié, par exemple avec Albert Paraz dont il s'est servi pendant ses années de prison et d'exil, comme porte-voix. Lorsqu'il revient en France, Paraz devenu inutile, sera oublié, il ne recevra plus de lettres, et aura le plus grand mal à voir Céline à Meudon.
- sa mauvaise foi.
Je crois aussi qu'il n'a réellement aimé qu'une seule fois : Elisabeth Craig qui fut la femme de sa vie. Par ailleurs, il était toujours entouré de gens moins brillants que lui qu'il pouvait facilement mépriser.
En écrivant le livre, je me suis posé de nombreuses questions. J'en conclus que si, par curiosité, j'aurais aimé rencontré l'homme, je ne crois pas que j'aurais pu ou voulu être son ami. Mais ceci doit être tempéré, car j'ai rencontré de nombreux proches de Céline, avec qui il a été le plus souvent ingrat, pourtant, tous sans exception ne lui gardent pas rigueur et restent fascinés par le personnage.